Un peu plus de deux ans après la mort violente de Chahinez Daoud, cette mère de famille tuée par son mari dans une rue de Mérignacprès de Bordeaux (Gironde), la justice organise une reconstitution ce mercredi.
Mais les parents de la jeune femme n’assisteront pas à cette étape judiciaire cruciale pour ne pas croiser l’auteur présumé. « Il ne mérite pas notre colère. Un homme qui brûle une femmepour moi, c’est un lâche. Mourir de cette façon, personne ne peut l’accepter. Même les animaux ne méritent pas de mourir comme ça. », confie Kamel, le père de Chahinez à franceinfo.
Depuis le décès de leur mère début mai 2021, la garde des trois enfants de Chahinez, âgés de 6, 9 et 14 ans, a été confiée à leurs grands-parents maternels, venus d’Algérie pour les recueillir. « Papy, mon papa est un homme très méchant parce qu’il a tué ma mère », aurait résumé le plus jeune à son grand-père qui confie : « J’ai pleuré en cachette ».
« On fait semblant de tenir. J’avais fait semblant d’avoir du courage devant les enfants. Mais dedans, on se sent brûlé », pleure encore Kamel.
« Tu es protégée et il ne peut pas te tuer »
Le 4 de 2021, Chahinez Daoudmère de trois enfants, avait été blessée par balles par son mari récidiviste dont elle était séparée, qui l’avait ensuite immolée par le feu dans une rue de Mérignac. Elle avait déposé trois plaintes auparavant et son compagnon avait déjà été condamné pour violences conjugales. Ce drame avait suscité une vague d’indignations et provoqué une mission conjointe de l’inspection générale de l’administration et de l’inspection générale de la justice.
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« Je disais à ma fille, tu n’es pas dans n’importe quel pays. Tu es en France, dans le pays des droits de l’homme. Tu es protégée et il ne peut pas te tuer. J’étais déçu, très déçu », se rappelle le grand-père.
Les parents ont décidé depuis de poursuivre à l’amiable l’État qui n’a pas su protéger leur fille. Leur avocat, Me Julien Plouton, dénonce les « erreurs », les « défaillances consternantes » et les « négligences cumulées » qui ont eu lieu : les multiples appels du suspect et menaces proférées à l’encontre de la victime depuis sa cellule, la plainte déposée par Chahinez mais pas transmise au juge d’application des peines, l’absence d’information concernant la sortie de prison du mari, l’absence d’intervention quand l’homme avoue à son agent de probation qu’il a repris contact avec la jeune femme, son agression quasiment restée sans conséquence, trois mois avant son assassinat…