Les tensions se poursuivent à Mayotte. Les opérations de sécurisation continuent sur l’île, où la police est intervenue dans la nuit de mercredi à jeudi pour mettre fin à des violences urbaines. Un « petit bidonville » doit par ailleurs être évacué ce jeudi, a indiqué le préfet de ce département français de l’océan Indien. « On poursuit à Mayotte les opérations de sécurisation, en particulier dans les quartiers dans lesquels on a les bandes de délinquants », a déclaré Thierry Suquet lors d’un point de presse jeudi matin.
Selon le préfet de Mayotte, la nuit de mercredi à jeudi a été émaillée de « pas mal de violences urbaines » à Doujani, sur la commune de Mamoudzou. Des jeunes « s’en sont pris aux policiers » présents et « il y a eu des tentatives d’incendie de véhicules et de bâtiments ». Les forces de l’ordre ont procédé à une interpellation, selon le ministère de l’Intérieur.
Le préfet s’exprimait à Longoni, sur la commune de Koungou (nord de l’île), où doit être démantelé dans la journée de jeudi un petit bidonville pour faire place à un lycée des métiers du bâtiment. Cette zone, objet d’un arrêté de démolition depuis décembre, a abrité une dizaine de familles mais était « vide » d’habitants permanents, selon Thierry Suquet. Des solutions d’hébergement ont été proposées ces derniers mois à celles qui y font des allers-retours, a-t-il assuré.
« On a démoli 2 000 habitats insalubres dans l’île »
Ce type d’opérations « permet d’apporter des solutions individuelles pour les gens qui vivent dans des conditions indignes mais aussi de faire avancer le développement de Mayotte », a fait valoir le représentant de l’État. À Longoni, deux tractopelles ont pris place jeudi matin sur le chemin menant à un terrain vague long d’une vingtaine de mètres. « Ça fait un an qu’on est en procédure, on n’a eu aucune notification » alors que « ma mère habite sur ce terrain », a affirmé sur place Zarianti Bina, 32 ans. « Il n’y a pas de solution, rien du tout », a ajouté cette femme.
Interrogé sur les maigres résultats à ce stade de l’opération sécuritaire Wuambushumarquée par le déploiement de 1 800 policiers et gendarmes, le préfet a répondu qu’elle donnait « un coup d’accélérateur décisif ». « Depuis deux ans, on a démoli 2 000 habitats insalubres dans l’île », a-t-il relevé. Dans le cadre de cette opération, la France prévoit d’expulser des Comoriens en situation irrégulière vers Anjouan, l’île comorienne la plus proche de Mayotte.
Mais Moroni, la capitale des Comores en plein bras de fer avec Paris, a décidé lundi de refouler l’accostage des bateaux dans son port anjouanais de Mutsamudu. Jeudi matin, il n’y avait toujours « pas de rotations », a déclaré le préfet Thierry Suquet.