Après cinq jours d’audience, la cour d’assises du Rhône a reconnu Fabien M.*, 25 ans, coupable du meurtre du commandant Norbert Ambrosse. Cet ancien tireur d’élite, exclu de l’armée, a été condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Il avait abattu le commandant Ambrosse, un des gendarmes impliqués dans l’incendie des paillotes en Corse en 1999, au cours du cambriolage d’un stand de tir, la nuit du 23 au 24 juin 2007 à Saint-Andéol-le-Château (Rhône). A l’époque, Fabien M.* était surveillé par les renseignements généraux en raison de son appartenance à la mouvance d’extrême droite.
Très diminué à la suite d’une tentative de suicide puis d’un accident cardiovasculaire en détention, l’accusé a livré au cours du procès une version des faits plus conforme à la réalité. Fabien M., qui soutenait avoir ouvert le feu accidentellement sur l’officier avec son fusil de chasse, a reconnu un « tir instinctif ».
Un aveu capital pour la veuve et les proches de la victime. « Pour l’épouse de M. Ambrosse, le plus important était de comprendre, explique son avocat,Me Jean Reinhart. La sanction, elle considérait que ça ne lui appartenait pas même si elle trouve la peine juste. » La veille du verdict, l’avocat général avait démontré la culpabilité de l’accusé dans un réquisitoire implacable. « Un état de droit n’est pas le royaume de la gâchette », s’était écrié Jean-Olivier Viout à l’attention d’un « militaire dévoyé » qui avait voulu « reconstituer sa petite armée » en cambriolant le stand de tir avec son frère cadet, condamné à deux ans de prison ferme, et deux autres complices, qui ont écopé d’un an ferme chacun. Le magistrat s’est également attaché à défendre l’honneur du gendarme Ambrosse, brillant Saint-Cyrien à la carrière entachée par l’affaire des paillotes, dans laquelle il avait été condamné.
« Solennel, l’avocat général a expliqué qu’à l’époque, Norbert Ambrosse n’avait pas su désobéir mais avait reçu un ordre, rapporte M e Reinhart. Peu avant le drame de Saint-Andéol, M. Viout avait donné un avis favorable à la réhabilitation du commandant afin qu’il redevienne officier de police judiciaire. » Le gendarme, qui secondait Norbert Ambrosse le 23 juin 2007, a apprécié ses paroles. Ce même homme a empêché le père de l’accusé de se jeter dans la Saône, jeudi, à l’issue du réquisitoire.
* Le nom a été changé
