Un mois après son procès pour injure publique, Booba est condamné à une peine d’amende de 5 000 euros pour avoir injurié Zineb El Rhazoui, l’ex-journaliste de Charlie hebdo. Une injure exprimée sur Twitter en ces termes : « Pourrissons lui la vie à cette grosse merde puante ».
Ces mots inélégants, le rappeur les avait lâchés sur son compte Twitter, suivi par près de six millions d’abonnés, après une sortie très polémique de l’ex-journaliste de Charlie hebdo sur le plateau de Pascal Praud, sur CNews, en 2019. Alors que des émeutes avaient secoué la ville de Mantes-la-Jolie (Yvelines), elle avait considéré qu’en pareille circonstance, « il faut tirer à balles réelles ». Ce qui n’avait pas manqué de faire réagir Booba.
Lors de l’audience, l’avocat de Zineb El Rhazoui, Me Thibault de Montbrial, avait insisté sur une partie tronquée des propos de l’ex-journaliste de Charlie hebdo. Celle-ci se réclamait de l’avis des internautes pour justifier son opinion quelque peu choquante. « C’est donc sur ce terrain des réseaux sociaux » que Booba avait répondu, avait de son côté, relevé l’avocat du rappeur, Me Yann Le Bras.
Intérêt général et caractère humoristique
Dans son jugement, la 14e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre retient l’un des arguments de l’avocat de Booba : la réponse de son client aux propos de Zineb El Rhazoui relève de l’intérêt général et il faudrait entendre le caractère humoristique des propos du rappeur, champion des punchlines.
« Si les opérations de maintien de l’ordre sont un sujet d’intérêt général, énonce le tribunal dans son jugement, les propos litigieux (NDLR : ceux de Booba) ne contribuent pas au débat d’intérêt général. » Les juges ne retiennent pas non plus le « caractère humoristique » du message de Booba, agrémenté de hashtags qui ne créent pas la distance permettant d’en rire, a en substance expliqué le président du tribunal. Résultat : Booba est déclaré coupable d’injure publique. Outre l’amende de 5 000 euros, il est condamné à verser à l’ex journaliste de Charlie hebdo 5 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros pour ses frais d’avocat.
« Le tribunal a pris la mesure de cette affaire », commente sobrement Me Le Bras au sortir de l’audience.
