Deux hommes ont été tués par balles mardi soir dans un quartier populaire de Rennes, a confirmé ce mercredi le parquet. La tuerie a eu lieu dans le quartier de Maurepas, sous les arcades du centre commercial du Gros Chêne. Les deux victimes n’ont pas pu être réanimées malgré l’intervention du Samu et des pompiers. « Les deux victimes décédées sont nées l’une en 1988 à Cayenne et l’autre en 1994 en Martinique », a précisé le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc.
Vers 22 heures, un homme a « ouvert le feu avec un pistolet-mitrailleur sur un groupe de plusieurs jeunes », tuant deux d’entre eux, a fait savoir le procureur. « Le lieu et le type de faits laissent envisager un possible règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants », une hypothèse cependant à confirmer, selon le magistrat.
Une enquête ouverte
Les deux victimes sont âgées de 29 et 35 ans, et ont été tuées sur place par une rafale. Un troisième homme se serait présenté blessé par balle au CHU Pontchaillou. Il pourrait s’agir « d’une autre victime qui était parvenue à prendre la fuite », un élément qui demeure à vérifier, selon le procureur qui a évoqué « faits d’une gravité rarement atteinte » dans la ville. Une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat a été ouverte, même si personne n’a été interpellé pour le moment.
Situé au nord de Rennes et pas très éloigné du centre-ville, le quartier de Maurepas a déjà été le lieu de violences inquiétantes. En juin 2022, plusieurs jeunes avaient été la cible de tirs dans ce quartier. Une dizaine de jours plus tôt, un jeune homme y avait été mortellement poignardé.
Ce mercredi matin sur la dalle du centre commercial du Gros chêne où se sont déroulés les faits, des policiers en uniforme sont présents. Nathalie Appéré, la maire (PS) de Rennes, est venue à la rencontre des habitants et commerçants du centre commercial, accompagnée d’élus de quartier. Jacqueline, 76 ans, avec sa petite-fille, habite dans la tour qui donne sur le centre commercial du Gros Chêne. « On n’a rien entendu hier soir. En même temps, on est tellement habitués aux pétards et coups de feu qu’on n’en fait plus cas ». « Il y a toujours deux bandes rivales dans le coin »
Nadine, 75 ans, habite le quartier depuis 1977. « Dès qu’elle a su ce qui s’était passé, ma petite-fille m’a appelé pour me dire de ne pas aller au Gros chêne ». Pour autant, elle a toujours l’intention de venir y faire ses courses, malgré la présence des dealers. « Moi quand je passe à côté d’eux, je ne baisse pas la tête ». Néanmoins, elle ne s’aventure jamais au centre commercial après 16 heures. « Après, ils sont plus excités ». Pour elle, ces deux morts sont « la suite logique » de ce qui s’est passé précédemment. « Je savais qu’il y aurait un nouveau drame ». Elle n’envisage pas malgré tout de quitter le quartier auquel elle est très attachée.
Un commerçant qui assiste quotidiennement au trafic de drogue juste devant sa boutique est excédé. Lassé aussi de voir que rien ne change malgré les rondes des flics. Cela fait quatre ans qu’il attend de déménager dans une nouvelle boutique prévue dans le cadre du projet de rénovation urbaine mis en place par la municipalité. malgré tout, la maire de Rennes assure ne pas abandonner le quartier : « Comme à chaque fois qu’il y a des faits graves, je viens dire aux habitants que notre détermination reste intacte. On ne va rien lâcher face au trafic de stupéfiants, martèle la maire. Même si le quartier est en train de se transformer grâce à un projet de rénovation urbaine, il est plombé par le trafic ». Toute la dalle du centre commercial va être détruite pour devenir une rue commerçante. « On sait que les urbanismes de dalle font naître des problèmes et que c’est difficile à sécuriser ».