L’agresseur présumé de la femme de 95 ans, violée à son domicile de Clichy dans la nuit du 13 au 14 févriera-t-il fait d’autres victimes au sein de la résidence des Bateliers ? C’est en tout cas ce que prétend Laetitia, une mère de famille dont la fille aurait été violée à plusieurs reprises par le même homme, courant 2020, alors que l’adolescente entretenait une relation avec ce garçon.
Le glaçant récit de sa fille, Laetitia explique l’avoir entendu en novembre 2020, à la sortie du commissariat de Clichy où l’adolescente de 14 ans — interpellée avec son turbulent petit ami de l’époque, pour une rixe avec d’autres jeunes — venait de passer quelques heures. « Quand je suis allée la chercher, l’officier de police judiciaire m’avait dit que ma fille n’avait rien à faire là, rembobine la mère de famille. Pour lui, elle n’avait pas le profil et semblait cacher quelque chose, un mal profond. »
De retour chez elle, la frêle adolescente, atteinte d’un trouble déficitaire de l’attention (TDAH), craque. Elle confie à sa mère avoir été frappée et violée à plusieurs reprises par ce voisin, avec qui elle entretient une relation toxique depuis plusieurs mois. « Il lui faisait boire de l’alcool et fumer des joints, se désole Laetitia. Il l’insultait et la frappait pour obtenir mon code de carte bancaire. Elle a longtemps eu le sentiment que toute cette relation était consentie mais la réalité, c’est qu’elle était complètement sous son emprise », déroule la mère de la jeune fille.
Une première enquête classée sans suite
Dans la foulée de ces confessions, une première plainte pour « viol et violence volontaire » est déposée au commissariat de Clichy où le jeune homme, alors incarcéré à Fleury-Mérogis dans le cadre d’une autre affaire, est entendu le 7 décembre 2020. Mais il profite de cette extraction de sa cellule pour sauter par la fenêtre du commissariat et parvenir à s’évader. Une cavale de courte durée puisqu’il sera interpellé quelques heures plus tard chez ses parents… à la résidence des Bateliers.
« Je me suis battu pendant trois ans pour que cet individu reste loin de ma famille, souffle Laetitia, qui assure avoir été elle-même menacée par le frère du mis en cause. Mais on ne peut pas dire que je me sois sentie soutenue. Ma fille non plus d’ailleurs. » Un ressenti renforcé, selon la mère, par le classement sans suite de sa plainte, en février 2021. Faute d’élément suffisant pour caractériser l’infraction.
« On le voyait toujours au pied des immeubles »
Le début d’une longue et profonde dépression pour l’adolescente qui, au soir d’une forte consommation de cannabis et d’alcool, finira par sombrer dans le coma avant d’être admise en urgence à l’hôpital Robert Debré où elle est déjà suivie pour son addiction au cannabis. Dans le rapport médical de l’hôpital que nous avons pu consulter, ce coma éthylique est notamment expliqué par « des réminiscences », de « l’anxiété » et « un contexte de syndrome post-traumatique ».
Après cet épisode, les viols et violences dénoncés par l’adolescente ont fait l’objet d’une nouvelle plainte, déposée le 31 août dernier, avec constitution de partie civile, auprès du doyen des juges d’instruction au tribunal judiciaire de Nanterre. Ce qui contraint la justice à enquêter. Une information judiciaire a donc été ouverte, le 10 juin 2022, mais à ce stade, la procédure n’a encore débouché sur aucune mise en examen. « On a l’impression d’une absence de réponse pénale, s’agace Laetitia. Ma fille a tout de même reçu un « téléphone grave danger » (un dispositif pour protéger les victimes de leur agresseur) mais en même temps, on voyait toujours son agresseur au pied des immeubles. »
Et même pire. Le 29 janvier 2022, vers 6 heures du matin, c’est dans son propre appartement que Laetitia est tombée nez à nez avec le jeune homme, venu dérober sa carte bancaire. Des faits pour lesquels l’intéressé a écopé de huit mois de prison ferme en mars 2022. « Il était entré par la baie vitrée en passant par le balcon, se souvient la mère de famille. De la même manière qu’il est entré chez cette pauvre dame de 95 ans. Si toutes les mesures avaient été prises, si on avait été entendues, ce drame aurait pu être évité. »