Le Parlement européen a adopté la loi sur les données le 14 mars. Le projet de loi complet visait à “stimuler l’innovation en supprimant les obstacles qui entravent l’accès aux données industrielles”. Parmi ses dispositions figure un article qui exigerait que les contrats intelligents soient modifiables.
La législation établi des règles de partage équitable des données générées par les « produits connectés ou services associés », tels que l’Internet des objets et les « machines industrielles ». 80% des données industrielles générées ne sont jamais utilisées, selon l’Europarlement indiqué dans un communiqué, et cette loi encouragerait une plus grande utilisation de ces ressources pour former des algorithmes et faire baisser les prix des réparations d’appareils.
La loi contient des dispositions visant à protéger les secrets commerciaux et à éviter les transferts de données illégaux et elle fixe des exigences pour les contrats intelligents des parties offrant des données partageables, y compris « la résiliation et l’interruption en toute sécurité » :
« Le contrat intelligent doit inclure des fonctions internes qui peuvent réinitialiser ou ordonner au contrat d’arrêter ou d’interrompre l’opération ; […] En particulier, il convient d’évaluer dans quelles conditions une résiliation ou une interruption non consensuelle doit être autorisée. »
La loi accordait également aux contrats intelligents une protection égale à celle des autres formes de contrat.
Les experts ont identifié un certain nombre de problèmes avec la législation. Le responsable de l’architecture des solutions d’OpenZeppelin, Michael Lewellen, a commenté dans une déclaration fournie à Cointelegraph :
“L’inclusion d’un kill switch sape les garanties d’immuabilité et introduit un point de défaillance puisque quelqu’un doit régir l’utilisation d’un tel kill switch. […] De nombreux contrats intelligents tels qu’Uniswap n’ont pas cette capacité de coupe-circuit.
Le professeur Thibault Schrepel de la Vrije Universiteit Amsterdam a déclaré dans un tweet que la loi « met en danger les contrats intelligents dans une mesure que personne ne peut prévoir », et a souligné les sources d’incertitude juridique dans la loi. En particulier, il a constaté qu’il ne précisait pas qui pouvait arrêter ou interrompre un contrat intelligent.
Aujourd’hui le @Europarl_FR débat de la loi sur les données (https://t.co/cwDOFDGmU9). Mon avis sur la dernière version de l’article 30 (#contrats intelligents).
➝ L’immuabilité des contrats intelligents est la clé de leur survie (c’est-à-dire que l’immuabilité est leur principale différenciation https://t.co/X3XfgRC6ZL… https://t.co/4JHg2fP84j pic.twitter.com/8QTSBxSueH— Thibault Schrepel (@ProfSchrepel) 14 mars 2023
Le projet de loi a été adopté par une marge de 500 voix contre 23, avec 110 abstentions. Les membres du Parlement vont maintenant négocier la forme finale de la loi avec le Conseil européen et les différents pays membres de l’Union européenne.