Les trois hommes reconnus coupables du meurtre d’Ahmaud Arbery pour des raisons racistes ont fait appel de leurs condamnations pour crime de haine.
Le 21 février, Travis McMichael, 36 ans, son père Gregory McMichael, 66 ans, et leur voisin William Bryan, 52 ans étaient reconnus coupables de crime raciste par la justice des États-Unis, quelques mois après un premier procès qui avait abouti à la condamnation à la prison à vie du père et du fils par la justice de l’État de Géorgie.
Ces trois Américains blancs avaient pourchassé le jeune joggeur de 25 ans, à Brunswick, le 23 février 2020, alors qu’ils roulaient en voiture dans leur quartier pavillonnaire, où des cambriolages avaient récemment eu lieu, convaincus qu’il s’agissait du voleur « en train de se pavaner » devant chez eux. C’était quelques mois avant l’affaire George Floydqui de Minneapolis allait provoquer une onde de choc aux États-Unis et bien au-delà, et un mouvement puissant de contestation des violences policières à caractère raciste.
L’affaire n’avait éclaté que grâce à la ténacité de la famille Barbery. Il avait fallu près de trois mois pour que les McMichael soient interpellés et interrogéssous la pression, après que l’avocat avait diffusé sur les réseaux sociaux la vidéo, filmée depuis sa voiture par William Bryan, et qui montrait les faits dans leur évidence la plus cruelle. Le premier procès n’avait pas abordé l’aspect raciste des faits.
Lors du second procès, des éléments accablants avaient été mis en avant, notamment les insultes régulièrement proférées par les trois hommes par le passé, révélant le sentiment des trois hommes sur les Afro-Américains. Dans des correspondances, le fils McMichael les qualifiait de « criminels », de « singes », « de sauvages et de sous-hommes ».
Avoir des opinions racistes ne signifie pas qu’on tue pour la race, soutiennent les avocats
Malgré ces éléments, et d’autres, Gregory McMichael et William Bryan, condamné, lui, à 35 ans de prison, affirment dans leur dossier d’appel que la race n’a pas été prise en compte dans leurs décisions de poursuivre et de tirer sur le jeune joggeur.
« Le fait que M. Arbery était noir n’était qu’une caractéristique partagée avec la personne vue sur les images de sécurité (à la suite des cambriolages dans le quartier, NDLR), un fait qui n’a pas plus d’importance pour le calcul de Gregory McMichael que le sexe biologique de M. Arbery, le short qu’il portait, sa coiffure ou ses tatouages. La race de M. Arbery n’était pertinente que parce qu’elle correspondait à la race de l’homme sur les images de sécurité à domicile », arguent ses défenseurs dans l’appel.
Quant à Bryan, ses défenseurs estiment que « la preuve qu’un accusé a précédemment épousé des opinions racistes » ne signifie pas qu’il a attenté à sa vie du fait de ces opinions et c’est pourquoi elle « n’est presque jamais autorisée dans les procès pénaux ».
L’appel de Travis McMichael se concentre sur la question de savoir si les rues où Arbery a été abattu étaient contrôlées par le comté.